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Les poèmes de Giordano Eturo et de Gérard Bloufiche

L'effervescence du vide

Publié le 11 Juillet 2016 par G. Eturo in Poèmes

 

Haut fonctionnaire de la patrie,
Yanis déplore et se désole
Du chômage et de son envol
Et des rigidités de ce foutu pays.

 

Aussi blâme-t-il sans répit
L’idolâtrie des droits acquis,
L’archaïsme du CDI et
La mentalité rétro
Des détracteurs du monde nouveau.

 

Il acquiesce incidemment
Les propos vifs et croustillants
Du journaliste qui depuis vingt ans
Prêche l’implacable alignement
Derrière son ode au mouvement.

 

Pourtant Yanis reconnaît
Que l’armée nue des salariés
Livides, amers, désemparés,
A moins une âme de valet
Que ces immuables perroquets.

 

Y a comme des bulles dans la France
Comme une urgente effervescence
La fièvre immense d’un soir de danse
Qui n’est qu’une fade évanescence

 

Nolan en veut à son patron
Pour ses refus d’augmentation,
Pour les délocalisations
Et sa réponse à tout : la mondialisation .

 

Il imagine se syndiquer
Pour épouser la grande idée
D’une solidarité retrouvée.

 

Mais à quoi sert vraiment la fronde
Avec ses grèves infécondes
Et ses bassesses nauséabondes ?

 

Dans sa résidence bétonnée,
Quartier neuf sécurisé,
Nolan en pince pour sa voisine,
Une dénommée Capucine.

 

Elle se plaît à lui parler
De sa lesbianité assumée,
Comme d’une féroce identité
Tapageusement proclamée
Avec toute sa communauté
Dans les manif LGBT.

 

Capucine fait beaucoup de son,
Capucine résiste à l’oppression.

 

Y a comme des bulles dans la France
Comme une urgente effervescence
La fièvre immense d’un soir de danse
Qui n’est qu’une fade évanescence

 

Léa s’émeut de la misère
Et de l’exploitation mortifère
Que porte le nouveau capitalisme.
Elle milite sans relâche
Pour un altermondialisme.

 

Combattante d’un genre nouveau
Elle espère que son ONG
Loin des doctrines et des drapeaux
Mobilisera le monde
Contre les inégalités.

 

Comme beaucoup de ses amies
Elle est devenue sans patrie.
Les Etats et les nations
Ne sont qu’enfer et damnation.

 

Léa le dit avec obstination :
Toutes les frontières sont un poison.
Sa trépidante action en réseau
Raisonnable et planétaire,
Respectable et volontaire,
N’est pas l’annonce d’un renouveau.

 

Car il faut bien convenir
Que de tous les cadres s’affranchir
Ne donne plus rien à subvertir
Et qu’à défaut de prendre l’eau,
Le capital tel un corbeau
Déploie ses ailes en mode turbo
Dans l’Ether froid du statu quo.

 

Y a comme des bulles dans la France
Comme une urgente effervescence
La fièvre immense d’un soir de danse
Qui n’est qu’une fade évanescence

 

Ibrahim et Hugo, dans leur cité,
Ont décidé de tout flamber.
Les écoles brûlent et la fumée
Inspire la curée
Spectaculaire, grégaire, télévisée,
D’adolescents mal inspirés.

 

Lucas comprend la destruction
D’une si piteuse institution.
L’école reproduit les élites
Et perpétue,
Sous un vernis académique,
Une violence symbolique.

 

Du haut de sa réussite
Populaire et méritocratique,
Il tient la République
Dans un mépris sociologique
Authentique.
Héros comique et pathétique
Des grandes conquêtes pédagogiques,
Il conteste toute excellence
Quand s’installe à grande cadence,
L’ignorance.

 

Y a comme des bulles dans la France
Comme une urgente effervescence
La fièvre immense d’un soir de danse
Qui n’est qu’une fade évanescence
 
Y a comme des bulles dans la France
Comme une urgente effervescence
La fièvre immense d’un soir de danse
Qui n’est qu’une fade évanescence

 

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