Réfugié dans le confort d’un pub,
Je fuyais la foule qui assomme,
M’accordant une trêve en ce club
A grand renfort de rêves et de rhum.
***
Dehors, la magie de Noël,
Le rituel occupationnel,
Son matérialisme démentiel
Et son religieux résiduel.
Avec un Jésus flétri pour onction,
Dans la profusion des illuminations,
Se déployait la fiévreuse passion
Du capitalisme de consommation.
Dans un élan crépusculaire,
Les fidèles d’un jovial enfer
Proclamaient leur droit au bonheur,
Se rappellaient qu’il y avaient des valeurs,
Justifiaient leur immense labeur.
Bientôt, les enfants rois seraient comblés
Plus encore que le reste de l’année.
Papa Noël gonflerait leur vanité
En fieffée putain de la publicité.
Des cadeaux jusqu’à en vomir
Au pied de sapins trop lourds
Pour des Narcisse en plein délire,
Gorgés d’envie comme des vautours.
Partout,
L’asservissement à Disney,
Aux produits dérivés les plus niais ;
Partout,
La féerie pas chère et pléthorique
Des industries du Sud-Est asiatique.
***
Je me protégeais de Noël et de son fiel
Dans le whisky, Tolstoï et la mirabelle.
C’est alors que je l’aperçus,
Souveraine,
Divinement vêtue et
Belle comme une reine.
Ses cheveux d’un noir onctueux,
L’éclat sauvage de ses yeux,
Sa démarche élégante
Et sa croupe affolante
Me transportèrent religieusement
Dans l'azur de son firmament.
De Noël il n’était plus alors question
Et je m’abandonnais, avec exaltation,
Au subjuguant mystère de la Création.